La Côte d’Ivoire possède une grande diversité démographique avec plus de 60 ethnies différentes. Issu de l’immigration et en perpétuel mouvement, le mélange des cultures est grand : il forme une mosaïque de langues, de mœurs et de modes de vie. Parmi les peuples les plus importants, on compte les Sénoufos.
Les quatre groupes ethniques ivoiriens
On distingue habituellement les communautés ivoiriennes en quatre grands groupes, répartis suivant l’origine géographique et l’appartenance au même noyau. Les Malinkés, ou Mandés, se trouvent au Nord, comme les Voltaïques ou Gours, puis plus vers le Sud, les Krous et les Akans. Cette répartition est approximative et simplifiée : elle est en réalité plus compliquée, et l’on pourrait encore distinguer le groupe Lagunaire et les Malinkés du Sud.
De plus, les classifications des ethnologues ne sont pas les mêmes que celles des peuples eux-mêmes. Certains considèrent être en lien avec d’autres que les classifications ne prennent pas en compte et inversement.
Les Sénoufos, peuple de Côte d’Ivoire
Le peuple Sénoufo est un peuple voltaïque, de langue Gour. Ils sont également présents au Mali et au Burkina Faso, et sont l’un des groupes les plus importants de la Côte d’Ivoire, représentant 9,7% de sa population. Le groupe est lui-même subdivisé en 9 peuples : les Pongalas, les Niarafolos, les Tchébara, les Tagouanas, les Nanfarans, les Fodonons, les Gbatos, les Kafibélés et les Miniankas.
En Sénoufo, le peuple se nomme aussi les Siénas, soit « ceux qui travaillent aux champs ». Les Sénoufos sont avant tout des cultivateurs, faisant pousser le mil, le riz, le maïs, l’igname, le manioc et le thé. Ce savoir leur viendrait des Mandébélés, un peuple nomade, chasseur et cultivateur lorsqu’il s’installait pour longtemps. La légende raconte que, le peuple Sénoufo devenant puissant grâce à cette nouvelle aptitude ajoutée à celle de la chasse, les Mandébélés prirent peur et quittèrent les lieux par la forêt. Ils sont devenus dès lors les esprits de la forêt, représentés aujourd’hui par les statuettes aux pieds retournés.
Les villages sont construits de manière circulaire avec en leur centre le bâtiment rectangulaire du chef du village, entouré des cases rondes aux toits de chaume destinées aux habitants.
Aujourd’hui, les Sénoufos restent agriculteurs, le gibier se faisant de plus en plus rare. Leur territoire est riche, avec un climat favorable aux cultures de mil, maïs, haricot, fonio, pois de terre, patate douce, igname, arachide, sésame, tabac, coton, et riz… On y trouve aussi de larges vergers de manguiers, orangers, papayers, citronniers et bananiers.
Les Sénoufos se sont répartis au nord de la Côte d’Ivoire entre le Xe et le XVe siècle. Avec les Mandés et les Krous, il est l’un des peuples les plus anciens du pays. Leur origine géographique serait l’Est du Mali et la frontière du Burkina avec le Mali. Ils sont traditionnellement organisés en villages, gouvernés par un conseil des anciens, et entourés d’une forêt sacrée où chacun est initié dès l’enfance au rituel du Poro. Encore pratiqué de nos jours, le rituel est long, et se déroule en trois étapes de 7 ans chacune : le Kouord, le Tcholo et le Kaffono.
La ville de Korhogo est largement peuplée de Sénoufos. On y trouve des objets d’art issus des rituels Poro et fabriqués selon un savoir-faire ancestral comme des masques polychromes, des statuettes, des poteries et des toiles peintes. Les notes du balafon accompagnent çà et là quelques démonstrations de danse sacrée.
Les Lobis et autres peuples voltaïques de Côte d’Ivoire
Comme les Sénoufos, les Voltaïques anciens viennent d’un territoire situé entre la rivière Baoulé et le fleuve Volta noir. Ce sont les Koulangos, que l’on rencontre dans la région de Bouna. Les Lobis sont le dernier groupe formé des Voltaïques.
Parmi les peuples les plus nombreux, les Lobis représentent 1,8 % de la population de la Côte d’Ivoire et se regroupent autour de Bouna, près du Burkina Faso et du Ghana. Ils parlent traditionnellement le lobiri, mais aussi le dioula et plus récemment le français. La communauté Lobi s’organise autour du thildar, le spécialiste religieux qui communique avec les esprits régissant la communauté, protégeant chacun des membres des accidents, des maladies et des menaces présentes dans cette région hostile d’Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, la majorité des villages lobis se situe dans le Parc national de la Comoé, anciennement réserve de Bouna et classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Il s’agit d’une des plus grandes réserves naturelles de la Côte d’Ivoire, une visite à ne pas manquer lors de votre voyage ! Pour vous y rendre, vous pouvez organiser votre séjour avec l’Office National des Eaux et Forêts de la Côte d’Ivoire ou avec un pisteur et partir d'Abidjan en transport en commun ou en 4x4.
Depuis la grande plaine, vous pourrez observer de nombreux animaux tels que des buffles, des éléphants, des antilopes, des lynx ou des léopards. Les amateurs d’alpinisme seront également enchantés : vous pourrez gravir le mont Wabélé, haut de 664 mètres, ou le mont Yévélé, à 635 mètres d’altitude. Pour les randonneurs, le parc dispose de pistes praticables sur 500 km. Sur votre chemin, ou haut perché depuis un point de vue, vous pourrez admirer la faune et la flore exceptionnelles qui peuplent la réserve.
Les Malinkés de Côte d’Ivoire
Avec plusieurs noms comme Mandé, Mandingue, Maninka, les Malinkés forment un large groupe. Ils sont à l’origine des Bambaras, des Dioulas, des Jalonkés, des Soussous et des Diakhankés. Leur influence a touché d’importants groupes comme les Dogons, les Mossis… C’était autrefois l’ethnie dominante de l’empire du Mali, elle a d’ailleurs dominé l’Afrique de l’Ouest entre le XIIIe et le XIVe siècle.
Les Malinkés constituent 19 % de la population de la Côte d’Ivoire, et plus de 94% d’entre eux sont musulmans, bien que la pratique de cultes traditionnels persiste.
Les Malinkés sont d’abord agriculteurs, et un système de castes les assigne à un métier : les Numurus sont forgerons, bijoutiers et potiers, les femmes Maboulés sont teinturières, les Koulés travaillent le bois, et les Garankés le cuir. Les pâtres et les tisserands sont essentiellement peuls.
Les villages des Malinkés sont essentiellement construits en auréole autour de trois zones : des jardins au centre où le maïs est cultivé, puis des champs permanents autour du village, des champs de brousse en périphérie et des rizières dans les bas-fonds. Les tâches agricoles sont réparties selon le sexe, les rizières sont exclusivement féminines, et la culture d’arachide masculine.
À Odienné et Kimbirila, les spectacles des danses racontent les histoires de chasse et de guerre des Malinkés. On y voit l’importance des chants, de la musique et de la danse, vecteurs de tradition et de culture.
Les Krous de Côte d’Ivoire
Le peuple Krou occupe la partie sud-ouest de la Côte d’Ivoire, et s’étend sur le territoire libérien. Ils se répartissent en une vingtaine d’ethnies différentes, dont 15 en Côte-d’Ivoire. Les Krous se divisent en trois groupes de croyances parmi lesquels le paganisme, le protestantisme et le catholicisme, en raison des missions d’évangélisation menées par la France à la fin du XIXème siècle.
Leur influence est très importante sur la culture ivoirienne : le pays leur doit la musique zouglou, la musique du Bolo, mélange d'instruments africains et occidentaux, mais aussi la danse Wés. Ils sont également connus pour les masques dont ils se parent, populaires dans l’art contemporain du début du XXème siècle.